Këlem, coup de coeur SACEM
Këlem et les derniers poètes Par Bertrand Lavaine
La musique au cœur de l’histoire immédiate. Auteur d’un premier album intitulé Jasmin rouge qui a germé dans le terreau de la révolution tunisienne l’an dernier. Le groupe Këlem suit une voie musicale urbaine hors des sentiers battus. Dans l’esprit de celle tracée par la formation new-yorkaise des Last Poets, précurseurs du rap « Fulgurance », « voyages », « passerelles », « origines ». Dans la bouche de Nebil Daghsen comme celle de Mazyar Zarandar, certains mots reviennent plus que d’autres dès qu’il est question d’évoquer la démarche qui sert de moteur à Këlem, quintet dont ils sont les plus anciens membres.
CULTURE D’AILLEURS ET D’ICI
Rien de musical, étrangement, parmi ces vocables. Tout au moins a priori. Car il suffit de regarder en réalité par transparence pour voir apparaître les contours de leur style : l’esprit libre, non figé du jazz, une des influences du guitariste et beatmaker. Une culture d’ici, qu’elle se rattache à la chanson française à texte de Léo Ferré ou d’Allain Leprest ou au rap. Et une culture d’ailleurs, celle d’un pays auquel on se sent lié sans trop le connaître, une forme de tropisme irrésistible.
Il y a tout cela dans Jasmin rouge, polaroïd d’un groupe dont la caractéristique est de vouloir épouser au plus près le relief d’une émotion collective perçue à un instant donné.
Bertrand Lavaine. RFI
Poèsie, violence du monde
Homme de théâtre, amoureux de la poésie, jongleur de mots et d’idées, Nebil est parti en Tunisie – où il a passé une bonne partie de son enfance – quelques semaines après que le soulèvement populaire ait débuté fin 2010. A quoi peut donc ressembler une révolution quand on a 30 ans et qu’on n’en a jamais vécu ? L’expérience va servir de déclic. Lorsqu’il est revenu à Paris, cet activiste du slam convainc le reste du groupe de passer enfin à l’enregistrement du premier album. Depuis sa naissance une demi-décennie plus tôt, et au gré des changements d’effectifs qui se sont finalement stabilisés. Këlem a eu le temps de construire son identité. éunis par des moyens divers et pour des raisons qui le sont tout autant. Les musiciens ont agrandi leur terrain de jeu commun en apprenant à se connaître, en particulier lors de voyages qui ont affermi les liens.
Jasmin rouge

Comme celui qui les a emmenés sur le continent africain. En participant à la caravane Paris-Bamako mise en place par une association pour lutter contre la déforestation. Cela leur a permis de jouer dans des lieux improbables, en plein Sahara. Pour son premier album, le groupe a aussi voulu se retrouver dans un nouvel environnement. Direction la Marsa, banlieue de Tunis où Nebil a ses souvenirs. Un appartement de trois pièces transformé en studio, matelas et tapis au sol, tentures sur les murs. Les morceaux préparés au cours des quelques semaines précédentes révèlent un nouvel univers auquel les musiciens ne s’attendaient pas eux-mêmes. Mazyar parle d’un disque « plus intime ». Ainsi il évoque un « passage à l’âge adulte », une « envie de retour aux origines ».
ADONIS

Nebil voit lui aussi la différence, dans son rapport à la langue. Aussi, avec Aux tyrans du monde. Il reprend un texte fort approprié du Tunisien Abdou el Kacem, même s’il date de 1944. De plus, sur Sheherazade, il chante le poète syrien Adonis, récompensé l’an dernier par le prix Goethe. En effet, « Cette démarche poétique d’écriture, je ne l’avais pas du tout avant », confie-t-il. Jusqu’à l’enregistrement, il s’interdit d’apprendre ses paroles. Pour que la rencontre avec la musique se fasse dans un réel équilibre, sans que l’un domine l’autre.
DISTRIBUTION ET ÉQUIPE ARTISTIQUE
Avec Nebil Daghsen, Marc Ramon, Mazyar Zarandar, et Regis Rosemade
Textes de Nebil Daghsen.
Musique de Marc Ramon, Mazyar Zarandar, et Regis Rosemade
Scénographie de Nebil daghsen
Diffusion du Spectacle
Contact :
Diffusion du Spectacle Contact : Coraline Le Pichon coralinelepichon30@gmail.com